Matériaux biosourcés ou recyclés

Publié le 9 mai 2022

Margaux Ryo a été stagiaire INSA Strasbourg chez BEG Ingénierie en 2021 et elle est actuellement en contrat de professionnalisation à l’agence Ile-de-France pendant 1 an.

Dans le cadre de son projet de recherche technologique, elle a réalisé un mémoire sur les matériaux biosourcés.

Plus que jamais aujourd’hui, nous souhaitons proposer à nos clients des alternatives éco-responsables pour remplacer certains matériaux de construction et cette étude a permis d’avoir un état de l’art précieux sur la question.

 

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un matériau dit « biosourcé » ?

C’est un matériau composé de produits naturels renouvelables d’origine végétal ou animal. Aujourd’hui, plusieurs ressources sont couramment utilisées en France dans la composition de matériaux de construction : le bois, le chanvre et le lin, utilisés en isolation notamment, la paille, l’ouate de cellulose provenant du papier, le coton recyclé… etc.

Cette offre est également complétée par les gammes constituées de produits recyclés.

La part de matière biosourcée ou recyclée est très différente d’un produit à l’autre. L’objectif est évidemment de trouver des matériaux les plus « vertueux » possibles, tant dans leur composition que par rapport à leur lieu de fabrication ou leur recyclage.

L’utilisation de ce type de matériaux entre comme critère dans l’attribution de certaines certifications, telles que le label HQE, le label E+C- ou le label BBCA.

Ces matériaux répondent également aux nouvelles normes européennes visant à réduire l’impact carbone du secteur du bâtiment (RE2020).

Pourquoi avoir choisi ce sujet de recherche ?

Au départ, c’est BEG Ingénierie qui m’a proposé ce sujet : leur demande était de voir ce qu’il était possible de faire aujourd’hui, avec une application directe à la construction. J’ai été tout de suite très enthousiaste pour travailler sur ce thème, tellement important aujourd’hui pour lutter contre l’épuisement des ressources. J’ai pu échanger avec différents acteurs, les fabricants bien sûr, mais également les bureaux de contrôle qui sont dans une réelle démarche d’accompagnement des maitres d’œuvre sur ce sujet. L’objectif était de confirmer l’usage de ces matériaux dans les projets de BEG en ERP, en immobilier tertiaire, logistique ou industriel.

Comment avez-vous mené vos recherches ?

On a très vite décidé de restreindre le champ de recherche aux matériaux de second œuvre et provenant de la région Centre Val de Loire et l’Ile de France. La logique est évidemment de rester au plus proche des projets : le transport pèse dans la comptabilité d’un matériau biosourcé. L’objectif est d’abaisser le bilan carbone au maximum.

Une autre contrainte était de trouver des matériaux certifiés pouvant être mis en œuvre dans des établissements recevant du public.

Par ailleurs, les fabricants recensés devaient être capables de fournir ces matériaux dès à présent, en grande quantité. Sur ce marché, de nouveaux matériaux innovants voient le jour régulièrement grâce à la R&D. Mais les étapes de certifications sont longues et ne garantissent pas un approvisionnement suffisant. J’ai donc élargi les recherches à une partie de l’Europe, Allemagne, Italie, quand l’offre n’était pas assez développée.

Enfin, je me suis intéressée à la fin de vie de ces matériaux, au recyclage possible.

Tous ces critères doivent être pris en compte dans le cycle de vie du produit.

La région Centre Val de Loire possède un potentiel de ressources agricoles et sylvicoles et a poussé depuis plusieurs années déjà des projets de construction écoresponsable, notamment grâce à plusieurs acteurs comme Karibati ou la Dreal.

Qu’est-ce qui répond à ces critères aujourd’hui ?

Dans plusieurs catégories de produits, il y a des choses très intéressantes qui peuvent être mises en œuvre.

Concernant le cloisonnement, on trouve des panneaux ou plaques fabriqués à partir de bois issus de déchets sylvicoles, de fibre de papier ou de gypse. Pour le bois, on atteint une proportion de produits naturels d’environ 95 à 96 % selon la colle utilisée. C’est donc un produit qui répond bien aux normes d’éco-conception tout en ayant les propriétés d’isolation thermique et phonique requises et même parfois plus performantes qu’un matériau classique.

Pour les sols, les revêtements de sols souples sont surtout faits à partir de matière recyclée : certaines moquettes sont fabriquées à partir de filets de pêche, ou d’anciennes moquettes. On trouve des moquettes à plus de 23 % de matière végétale, à base de graines de ricin et de résine végétale.

Le linoléum est un produit intéressant à base d’environ 75 % de farine de bois, d’huile de lin, et de charges minérales.

Les isolants, les enduits et les peintures sont faits de produits et résines issus du végétal. Ces produits sont également plus sains, par exemple, les enduits dégagent moins de composants polluants dans l’air.

Notons que je n’ai pas évoqué dans mon étude les matériaux porteurs : on y trouve cependant des matériaux innovants, comme les bétons végétaux, qui pourront faire l’objet d’une étude complémentaire.

Et le prix ?

Comparativement à un produit « classique », le prix des matériaux biosourcés est plus élevé aujourd’hui. On constate cependant que de plus en plus de fabricants historiques de matériaux considérés comme non renouvelables, choisissent de changer de recette et d’utiliser des matières premières recyclées. Parallèlement, de plus en plus de maitres d’ouvrage prennent conscience de la raréfaction des ressources et s’engagent dans une démarche plus respectueuse de l’environnement à tous les niveaux.

 


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